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jeudi 27 mars 2014

Lettre ouverte au Président Macky sall : Le 25 mars 2014, le peuple voudrait savoir si vous êtes toujours sûr de pouvoir conduire le bateau ?

Après un chaud semestre de contestations de la troisième candidature de l’ancien président Abdoulaye Wade,  le peuple sénégalais a cru sortir du tunnel avec l’élection du Président Macky Sall. Ce fut l’alternance de l’alternance et une autre page s’est ouverte pour ce beau peuple qui s’est levé, uni et déterminé, pour se défendre et reprendre avec hauteur ce qui lui était dû : Son honneur.

Le peuple a ainsi montré sa maturité et le soir du 25 mars 2012, vous fûtes porté à la tête du Sénégal. Avec beaucoup d’espoir, nous vous avions confié notre destin, notre devenir et vous aviez promis d’en prendre soin et de faire avancer le pays.
Monsieur le président, Le 25 mars 2013 vos  laudateurs nous interdisaient de faire un bilan. « C’est encore trop tôt » nous disaient-ils.  A un an, il était difficile pour vous de faire le bilan d’un mandat qui est de sept ans (même si nous attendons encore que vous respectiez votre promesse de le ramener à cinq).  Mais, le temps est passé, les mois, les semaines, les jours passent et nous sommes  toujours là à attendre encore et encore.  Et pourtant, les impressions sont là monsieur le Président.  
Apparemment, votre réalisation majeure reste la traque de bien supposée mal acquis, vous tenez coute que coute à remplir les caisses que vous prétendiez  trouver vides. Vous êtes prêts à tout, même à sacrifier le principe de présomption d’innocence des accusés. Je dis vous car vous êtes le seul garant des bavures et errements de la justice du pays que nous vous avons confié. Je dis vous par ce que nous savons aussi que la traque est un feuilleton politico-judiciaire.
Sur le plan social, vous vous glorifierez sans doute d’avoir diminué les couts du loyer, mais à quel prix ?  Avec la manière où cette diminution s’est opérée sans aucun consensus avec les bailleurs, vous avez crée la discorde et aujourd’hui de nombreuses familles peinent à trouver un toit. Vous avez diminué le loyer sans participer à la réduction des couts des terrains ou des matériaux de construction. Ainsi, vous avez pensé aux locataires en oubliant les bailleurs et les conséquences ne se feront pas attendre.
Monsieur le Président, je refuserai de voir dans votre bilan que vous fassiez vos éloges sur la réduction des prix des denrées alimentaires car vous n’avez rien diminué, vous avez juste ramené les prix au stade où ils étaient en 2010.
Je n’oublierai pas que vous nous avez laissé assoiffés pendant des semaines et toute la région de Dakar était exposée à toutes sortes de maladies. Pour cela, monsieur le président, vous nous devez encore des excuses.
Monsieur le Président, Voila que la fièvre Ebola est se trouve dans nos frontières à un moment où nos médecins sont en grèves depuis plus de deux mois et aucun consensus n’est encore trouvé par vos services. Attendrez-vous que nous soyons envahis pour enfin chercher le dialogue ?
Monsieur le président, des enfants talibés sont morts calcinés et vous aviez promis de revoir l’organisation des daras et tous les enfants seront retirés du milieu hostile de la rue. La loi qui vous a précédé devait être mise en application mais vous avez cédé à la vindicte des lobbies que je n’appellerai pas maitres coraniques. Ainsi, monsieur le président, vous avez bafoué les droits de ces enfants.
Vous parlerez surement encore de plan Sénegal Emergent  mais je ne sais pas s’il faut espérer encore et jubiler pour un endettement qui peut être ne fera que retarder d’avantage notre envol.
Monsieur le président, vous nous aviez promis la bonne gouvernance et la sobriété mais à juste deux ans, nous avons constaté le retour de l’arrogance et de l’ostentatoire. Les gens de votre cour méprisent royalement la souffrance des sénégalais et jettent des billets de banques par terre pour vous plaire à vous et régaler vos griots à vous.
Monsieur le président, dans la hâte, vous avez  entamé une réforme des institutions, vous avez lancé l’acte trois de la décentralisation, mais pour tous ses deux projets si importants, vous avez oublié l’essentiel. La pertinence et la faisabilité. Ainsi, nous fonçons tout droit vers des élections locales qui seront sans aucun doute mouvementées et énigmatiques.
Monsieur le président, deux ans après le 25 mars 2012, la patrie n’est toujours considérée avant le parti. Pire, vous semblez mener la politique de votre famille et belle famille à l’échelle supérieure, votre parti vient après, votre coalition s’en suit et le pauvre peuple qui vous a donné tous ces pouvoirs  ferme la marche.
Monsieur le président, rien n’est encore perdu, il vous reste encore au moins trois ans si vous respectez votre promesse.
Monsieur le président, n’écoutez pas ceux qui concocteront un document de cent pages pour y présenter vos  soit disantes réalisations, refusez qu’ils vous voilent la face et ne vous montrent que la partie qu’ils jugeront dorée de votre magistère.  Evitez de tomber dans le même piège que vos prédécesseurs à la fin de leur mandat où ils ignoraient tout de ce que vivait le peuple d’alors.
Refusez cela car les temps ont évolué et les mentalités aussi. Ce peuple là qui vous a élu n’est pas prêt à vous laisser faire les mains liées. Ce peuple là veille sur son gouvernail.
Enfin monsieur le président, ce peuple vous demande encore si vous êtes toujours sûr de pouvoir conduire le bateau ?
Aminata NDIAYE

jeudi 13 mars 2014

Mbeubeuss, dans le monde des ordures.


Ouverte en 1968, la décharge de Mbeubeuss, située dans la banlieue, à Malika, abrite toutes les ordures de la région du Cap – Vert, Dakar.  Défis écologiques, risques sanitaires …  telles sont les menaces qui pèsent sur les épaules de ceux qui fréquentent les lieux et les habitants du quartier.

Cette partie du département de Pikine amasse et entasse tous les déchets que rejette la société consommatrice. A notre arrivée vers 11h, en ce jour de dimanche, une odeur asphyxiante et nauséabonde  nous accueille. Il faut se boucher le nez avec un mouchoir pour échapper à une toux soudaine. Les camions défilent les uns après les autres pour décharger leurs ordures. Malgré le courant d’air froid, des  jeunes, des femmes et même des enfants s’activent à la fouille, récupération et revente des fers, bouteilles, cartons etc. Ils sont plus d’une centaine à fréquenter  Mbeubeuss qui s’étend sur 175 hectares. « Je fréquente ici depuis presque 7ans et je tire toutes mes ressources dans ce travail. Je nourris toute ma famille avec l’argent des ordures .» nous dit Amadou Diop, ce cinquantenaire trouvé sur les montagnes de déchets. Non loin de lui, on aperçoit un groupe d’enfants, habits en haillon, entrain de fouiller dans les ordures. « Nous venons souvent ici pour chercher des ferrailles qu’on va ensuite revendre. Il y a des gens qui les achètent juste à l’entrée.» nous souffle Mamadou Gueye, élève en classe de 5ème secondaire. Avec sa taille moyenne et son teint noir, Mamadou fugue les cours pour venir se faire de l’argent dans cet endroit qu’il aime bien.
Les nombreux risques de Mbeubeuss n’ébranlent guère ces occupants qui y passent tout leur temps. Vêtu d’un boubou bleu sombre et tenant un sac sur son épaule droite, Gora Gueye, 28 ans, sait que sa présence sur ces lieux comporte des risques. « Nous savons qu’il y a des risques énormes mais nous sommes obligés de cohabiter avec ces dangers. C’est vraiment un mal nécessaire. » laisse t- il entendre. Trouvé plus loin, au milieu des montagnes de déchets, Sayer Fall, masque de protection sur le visage, avec des gans qui couvrent les mains, est conscient lui des menaces. «  Puis que nous ne pouvons pas quitter ces lieux, il faut cependant se protéger avec les moyens de bord pour se prémunir des dangers. », nous explique t- il.
Dans ce dépotoir, même s’il n’est pas facile d’y travailler, les récupérateurs y gagnent beaucoup. En face des monticules de déchets, dans une des cabanes, allongeant le long du site, se trouve Abdou Khouma, teint noir, taille moyenne, avoisinant la trentaine, qui a quitté famille et proche pour s’installer définitivement à Mbeubeuss. « Je suis là depuis cinq ans et je m’en sors plutôt bien malgré les conditions précaires dans lesquelles nous travaillons. Il m’arrive de gagner 3000 à 5000 f CFA par jour. Sincèrement je ne me plains pas du tout.», déclare t-il. En face des cabanes, sont garés des camions vides. Selon A. Khouma, des entreprises viennent souvent ici pour acheter les objets  récupérés à des prix vraiment intéressants. Ces camions vont transporter les objets déjà récupérés pour le recyclage dans les usines.
Le bonheur des uns fait le malheur des autres. A Mbeubeuss, les riverains crient nuit et jour leur désarroi. Ils se sentent menacés par les dangers auxquels  leurs familles encourent tous les jours. Le ronronnement des camions qui se défilent toute la journée dérange la quiétude des habitants. Assise devant son domicile, à quelques centaines de mètres du dépotoir, une maison à 2 étages, Fatou Kiné Diallo, la quinquagénaire, raconte leur calvaire : «  Tous les jours, nous faisons des va et vient entre l’hôpital et la maison. Et tout ça à cause des déchets avec lesquels nous vivons ». Selon cette mère de famille, le district sanitaire de Malika ne reçoit que des malades issus des alentours de Mbeubeuss. Les nombreux cas de tuberculose hantent le sommeil de ces gens qui pensent tout leur temps à veiller et à nourrir leurs progénitures. Pour la plupart, l’Etat doit fermer ce dépotoir et le transférer ailleurs parce que l’endroit est trop proche d’eux. « Nous avions organisé une marche pour nous faire entendre mais jusqu’ à présent nos revendications ne sont pas prises en compte. » nous explique Maimouna Diop, sacoche à la main.
Un souhait vite battu en brèche par certains récupérateursTout en sueur, le vieux Moustapha Dieng, vêtu d’une tenue de travail, se défend : « C’est impensable de délocaliser ce site vu qu’il nous rapporte beaucoup de choses mais aussi à l’Etat qui en tire des bénéfices. Délocaliser Mbeubeuss ne doit pas être à l’ordre du jour, il y’a des choses plus importantes». « Même l’Etat ne peut pas trouver un endroit meilleur qu’ici. » poursuit son compagnon, Abdoulaye Diop, la cinquantaine bien sonnée.

Mbeubeuss avec ses monticules de déchets doit il disparaitre ou non ? En tout cas, le moment est venu pour que les autorités prennent des mesures énergiques pour protéger les habitants contre cette bombe écologique.