C’est dans les locaux du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel
(CNRA), que le tout nouveau membre de ladite structure nous a reçus dans son
bureau. Ibrahima MBAYE de son vrai nom, l’artiste-réalisateur  s’est permis de donner son point de vue sur
les télénovelas qui sont diffusés dans  nos chaines de télévisions.
Entretien
M. MBAYE, quelle analyse faites-vous des télénovelas ?
Ce sont des produits importés, sur le
plan technique, j’avoue que c’est de très bonne production au niveau de la
qualité des sons et des images. Par contre là où j’ai des reproches, c’est au
niveau artistique et culturel. Les télénovelas sont souvent des produits qui ne
nous parlent pas directement et cela s’explique du fait qu’ils nous proviennent
du Mexique, du Brésil, de l’Espagne entre autres et qui ne sont pas obligés de
suivre notre culture.  Il faut aussi
savoir que je suis à la limite complexe parce que je me rends compte qu’autant
que ces produits ne nous parlent pas mais autant nos femmes, nos mamans, nos
sœurs les aiment. Et c’est ce qui est paradoxal et inquiétant.
N’êtes vous pas entrain de dire que ces télénovelas ont des impacts
négatifs sur la société sénégalaise ?
En tant que futur journaliste, vous
êtes mieux placés pour comprendre que la télévision est un médium de
communication extrêmement important. La télévision a une influence capitale. Ce
qui veut dire que là où ça peut poser problème, c’est dans l’influence culturelle.
Par exemple, nos jeunes filles s’identifient souvent à des stars qu’un auteur a
créées. Elles sont tentées par une influence extérieure qui forcément va agir
sur leur vie de tous les jours. Ne serait ce que pour ça, je trouve que ce
n’est pas intéressant. Autre chose, c’est des feuilletons qu’on ne peut pas
regarder avec nos enfants parce qu’il y’a souvent des séquences où c’est un peu
osé avec des trucs d’amour que nous savons tous. Finalement c’est des choses
qu’on laisse passer alors que c’est une autre forme de colonisation. Il nous
colonise culturellement et c’est extrêmement dangereux. Ce que je déplore dans
tout ça, c’est que nos télévisions mettent énormément de moyens pour s’en
approprier. Au lieu de financer les produits des troupes théâtrales
sénégalaises comme le SOLEIL LEVANT, DIANKHENE DE THIES…, il se permet d’aller
acheter des télénovelas qui coûtent des millions pour venir ensuite emmerder
leurs téléspectateurs, excusez-moi du terme et qui malheureusement  y adhérent. Je vous rappelle qu’il y’a de la
qualité au Sénégal, il y’ a des gens qui font de très belle chose avec leur
maigre moyen.
En parlant de production, pourquoi les téléfilms nationaux comme MAYACINE
AK DIAL où vous étiez parmi les acteurs ou GOORGOORLU ne sont plus diffusés ?
Les productions de ces téléréalités
sont très compliquées et si on n’a pas assez de tubes, le problème va se poser.
Autre chose, il n’y a pas beaucoup de maison de production dans notre pays.
Nous sommes arrivés à un moment où il n’y a pas une bonne politique culturelle.
C’est ce qui fait qu’il y’a plusieurs troupes de théâtres. Ce qui veut dire que
les gens s’autoproduisent. Les gens veulent sortir à la télé, c’est ça la
réalité et ils viennent avec leur Prés à Diffuser (PAD). Nos télés s’adonnent à
la facilité.
Personnellement est ce que vous suivez ces télénovelas ?
No franchement mais dés fois je tombe
sur la famille entrain de se concentrer là dessus. Dés fois il m’arrive même de
suivre rarement les produits sénégalais parce que quand je pense qu’il n’y a
pas assez de qualité, je ne les suis pas. Si je vois que le produit ne  respecte pas certaines normes, sincèrement je
ne m’attarde pas là dessus.
Quelle alternative préconiser- vous ?
J’opte pour les produits nationaux
parce que ce sont des produits qui vont nous parler, qui nous appartiennent,
construits ici et consommés ici dans notre pays. Ca va permettre aux jeunes
comédiens de trouver du travail et permettre aux jeunes réalisateurs de se
former et ça permet aussi d’enrichir le paysage culturel sénégalais. Les
produits nationaux doivent être privilégier à condition que les gens se forment
au niveau technique et artistique. Et pour ça, il faudra une subvention de
l’Etat. Je donne l’exemple du Nigéria où leurs produits se vendent comme de
petits pains aux Etats Unis et leurs produits sont même protégés par la FBI.
M. MBAYE, nous vous remercions pour votre disponibilité.
C’est moi qui vous remercie et vous
souhaite une bonne continuation.

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